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Un appelé dans la guerre d'Algérie

 

 

Un appelé catalan dans la guerre d'Algérie


60 ANS DÉJÀ…

Ce 19 Mars 1962, j’étais à Alger ou plutôt à Hussein dey (banlieue d’Alger). J’étais militaire du contingent,

« Incorporé direct » (c’est à dire que j’ai été envoyé pour incorporation directement en Algérie et que

je n’ai pas été incorporé en France Métropolitaine).

 

Je suis arrivé à Alger, tout frais, tout beau, le 6 Janvier 1962 après que l’armée ait cassé mon sursis

d’élève architecte (on avait droit à un sursis d’incorporation jusqu’à 27 ans comme les médecins …).

J’avais 23 ans et j’étais un « bleu », dans le Génie (évidemment…), tout naïf malgré une préparation

militaire qui remontait à mes seize ans (alors que la   « Guerre d’Algérie » n’avait pas encore commencé…).

Je faisais avec une vingtaine d‘étudiants, arrivés comme moi de Métropole, le peloton d’Élève

Officier de Réserve ( le fameux peloton d’E O R). Ce peloton était assez difficile parce que effectué

en hiver (et l’on sait que l’hiver algérois était assez pluvieux, moyennement froid, mais très humide…).

Nous étions plus ou moins motivés car certains ambitionnaient d’aller faire l’ Ecole du Génie à Angers

dès avril prochain, la majorité préférait rester en Algérie à cause du climat…

Nous étions mouillés du matin au soir…Les militaires du Génie ne sont pas  des « combattants »

mais des militaires qui sont sensés travailler sur des  chantiers donc instruction militaire minimale…

Le « bleu » standard, se  contentait du minimum vital : marcher au pas, tirer au fusil, glander

( la vie militaire étant constituée  la plus part du temps à 90% d’attente…), faire des corvées,

chercher à se faire oublier des gradés, boire,jouer et, j’allais oublier, fumer.

Nous, les E O R, nous devions écouter des cours faits par des gens qui n’avaient

aucune formation d’enseignants, souvent des militaires de carrière, de temps en temps des appelés

en fin de service et attendant leur libération… C’étaient des emplois du temps insipides qui

n’intéressaient que les militaires dans l’âme et les ambitieux qui y croyaient…

Tout cela entrecoupé de gardes, d ’interventions, de patrouilles gueulantes, d’appels et de revues…

Le bonheur quoi…

Voilà pour l’atmosphère de ce 19 Mars 1962…

La situation était assez explosive à Alger et malgré nos pauvres deux mois et demi d’armée, nous étions

contraints, de nuit comme de jour, à faire des patrouilles en ville, avec fusil et harnachement mais

5 cartouches dans le sac,au cas où…

Ah! Quelle troupe, tremblante de trouille et n’en menant pas large… De la figuration alors que nous étions

sensés défendre la population qui rigolait de nous voir et ne comptaient pas du tout sur nous

et ils avaient raison…

Ils avaient plus à se méfier de nos maladresses que des combattants du F L N ou de l’O A S…

Donc, nous savions qu’il se profilait à l’horizon un « cessez le feu », nous avions que ce serait la fin

des combats, nous ne connaissions pas les accords puisqu’ils étaient « secrets »,

mais que cela était déjà une bonne chose…

Donc, les accords d'Evian font cesser le feu officiellement… Tout le monde est content dans le contingent!

On commence à arroser cela, le soir même… Oh, pas trop, c’est pour tout le monde une occasion…

Mais, cela n’a pas été ce que tout le monde pensait : À partir de ce jour là, Alger a été mis à feu et à sang!

D’une part, révoltes des « Pieds Noirs » qui tiennent à rester dans leur pays, d’autre part contentement

des « Fels »,population Arabe qui constitue la majorité et qui manifeste son contentement…

D’où des affrontements dans Alger et devinez qui on envoie séparer les deux camps?

Le contingent, la « bleuïte » qui n’en n’a rien à branler de toute cette pagaille et qui ne demande

qu’à rentrer vite en France et reprendre la vie civile…

Pourquoi cette option? On ne peut envoyer les Gendarmes ou les C R S, cela tournerait au carnage…

Les paras, ne sont pas fiables, les troupes combattantes sont aussi peu fiables

(politiquement s’entend…).

Il faut dire que les putschs de l’année précédente ont servi de leçon, on ne peut compter sur les

professionnels…

Les petits bleus du nouveau contingent arrivés récemment, n’ont rien compris, n’en n’ont rien

à branler et ne sont pas encore partisans d’un ou de l’autre bord, alors, ces petits bleus, on les envoie

se faire casser par les deux bords, perdus avec des carabines dont ils ne savent pas se servir,

sans formation de maintien de l’ordre, mais un rempart entre deux parties qui veulent en découdre…

Là dessus vous ajoutez un peu d’O A S qui fout une pagaille monstre, qui plastique à tour de bras

et commence à semer le chaos non seulement dans les esprits mais aussi dans la Ville.

À partir de ce jour- là, on a commencé à patauger dans le sang sur les trottoirs d’Alger…

Mais que deviennent nos petits E O R? Eh bien, vous n’en croirez pas vos yeux ni vos oreilles…

Le jour de « l’Examen », on leur dit une chose importante pour eux :

Au lieu de faire 27 mois de  service militaire, la durée de leur service est ramenée à 24 mois...

trois mois de gagnés.

Vite réfléchi, les intellectuels! Pourquoi aller s’embêter à partir à Angers, ce pays si froid, pour se taper

encore des études d’Officier du Génie (6 mois de galère,sortir aspirant ou sergent suivant son rang,

et rester les 27 mois prévus à la sortie…) On a décidé de boycotter ces épreuves…

On ne pouvait se défiler, il fallait les « subir »,il y avait un temps impossible avec des intempéries

très  fortes et le terrain était  digne de la « raspoutitza » ( vous savez le dégel qui a englouti

les armées de Napoléon en Russie en 1814…).

Vous vous voyez faire du parcours du combattant dans 50 cm de boue… vous vous voyez marcher

sur une poutre glissante à trois mètres de hauteur, vous vous voyez tirer au fusil allongé dans

une mer de boue, voyant à peine la cible à 5O mètres? Voilà le décor…

L’ «  écrit», risible, on a fait fort… Personnellement, quand l’examinateur, un polytechnicien

à deux gallons, m’a reproché de ne pas savoir les formules d’électricité, je lui avais répondu que

c’était l’affaire des ingénieurs que l’Architecte « employait », il était vert et cela a payé…

Vous verrez plus tard…

Nous avons saboté nos examens et l’armée a dû désigner deux« volontaires »pour aller continuer

« leur carrière » à Angers ( c’étaient un petit-fils de général et un géomètre qui espérait rester

en Algérie avec les autres, le pôvre…).

Mais, il y a eu une suite… Les « recalés » ont été punis dans leur affectation de spécialité…

Du moins, l’Armée le croyait…

J’ai, avec les fortes têtes, été versé dans un peloton de formation de « conducteurs d’engin »…

Cela formait les conducteurs de bulldozer, de rouleau compresseur, de niveleuse… les engins qui

obligeaient  à rester sur les chantiers, dehors aux intempéries, la poussière et le bruit…

D’abord, il a fallu passer les permis des conduire militaires, VL, PL, j’ai même fait le permis

de conduire d’autobus, j’ai oublié de passer celui de moto et je le regrette encore…

Mais, pour moi, ce n’a jamais été une punition ! J’étais passionné, avant mon service, par

les Bulls, les pelles mécaniques, les travaux de V.R.D. (et cela m’a bien servi pendant mes

40 ans de carrière pour faire de lotissements et des groupes d’habitations…).

Ah, la punition bénie qui devait me permettre d’être à l’air libre et hors des casernes…

Mais, je n’avais pas prévu la suite du « Cessez le feu », on n’est jamais allé sur des chantiers,

il n’y en n’avait plus, l’armée ne faisait que du maintien de l’ordre… C’était plus harassant que

de créer une route ou un parking, on partait le lundi matin à l’aube de la caserne, harnachés

comme des « vrais combattants »,on circulait en camion jusqu’au quartier choisi pour

notre intervention, on sautait du camion, on marchait toute la journée jusqu’ au coucher

du soleil, on mangeait des rations de combat, on dormait sur les trottoirs, quelquefois

dans des écoles, assurant la garde du groupe et sensés protéger le groupe affalé

sur les trottoirs et les hommes roulés dans une couverture…

Le samedi matin, en principe, un camion venait nous récupérer et c’était au tour d’une

section suivante… Mais le week-end, c’était la caserne avec la possibilité de se laver (enfin!),

de laver son linge, de dormir dans un lit, de manger autre chose sue des rations K…

Mais, cela c’était la théorie, bien souvent, réveil dans la nuit pour monter dans les camions,

harnachés, les yeux ensommeillés, et nous partions aller protéger tel ou tel croisement…

Bien souvent, il ne se passait rien mais on nous avait réveillés pour rien… C’est cela l’Armée…

Le matin, on rentrait à la caserne en roulant successivement sur le contenu des boutiques

que l’O A S avait plastiquées pendant la nuit… Epiceries, magasins de chaussures,

de fringues, n’importe quoi, tout y passait…

La nuit personne ne sortait à cause du couvre-feu, le soir au coucher du soleil, il y avait

un concert de casseroles auquel répondait le « you-yous » des fatmas

des quartiers musulmans…

C’était quand même angoissant et certains qui n’avaient que dix-huit ans, sortis à peine des jupes

de leur mère, raquaient et nous, les « vieux sursitaires de 23 ans », on les réconfortait…

Les gradés s’en foutaient…

On a pâti tous de cette indifférence envers le contingent de jeunes qui ne sont pas revenus intacts

d’Algérie…

Les explosions nocturnes tapaient sur les nerfs de tout le monde… Les « Nuits bleues » organisées

par l’O A S complétaient le tableau… Tout le monde avait les nerfs à fleur de peau,

chacun essayait de se calmer, les uns avec le tabac, d’autres avec la bière, d’autres enfin avec le jeu…

Certains gradés, complètement cuits, survivants de l’Indochine nous ont même obligés d’arrêter un âne

( ou plutôt un bourricot, vu sa taille…)

pour le ramener au quartier « pour l’interroger », il valait mieux obéir, ils étaient tous tellement

imbibés, que nous n’avons pas sourcillé, ne sachant pas ce qu’ils étaient capables de faire…

On en rigolait le lendemain, mais voilà l’atmosphère…

Les filles tournaient la tête quand on passait, on était là pour « les défendre », pas pour la gaudriole.

Bonjour l’accueil des « Pieds noirs »…

J'oublie que quand on était censés être au repos au quartier, on devait monter la garde pour protéger

la caserne, harnachés, uniforme de sortie, boutons passés au polisseur, rangers brillants de cirage

(même la semelle de fait était cirée…),casque lourd et revue de détail par l’Adjudant de Quartier,

vieux routier musulman, blanchi sous le harnais qui,un jour n’a rien trouvé de mieux que de nous

renvoyer à la chambre, six fois de suite, pour aller nous rhabiller… en fait, j’étais le seul gaucher

de la Garde et je n’avais pas la même façon de boucler mon ceinturon que les droitiers.

Il a fallu en appeler au Colonel pour qu’il dise pourquoi nous étions refusés…

Personne, pas même le Colonel n’avait remarqué mon ceinturon…

Ah, maintenant, on en rigole, mais sur le coup…

Revenons au 19 Mars 1962, il était censé arrêter toute violence… Cela a été pour les grandes villes

le départ de l’effusion de sang…  Pour les gens du contingent, nous apprenions tous les quinze jours

que nous ferions deux mois de moins sur notre temps et cela jusqu’à ce qu’on atteigne le terme

des dix-huit mois. On était partis pour vingt sept mois,  nous gagnions neuf mois…

À chaque annonce, bamboula!

Heureusement qu’ils se sont arrêtés à 18, nous aurions fini avec une cirrhose…

Moi, j’ai perdu 13 kilos, sans doute que j’en avais trop…

Cela a duré jusqu’à ce que nous passions la main à l’A L N (Armée de Libération Nationale,

sous les ordres du F L N  BOUMEDIENNE).

Cela aussi c’est une autre histoire…

Je suis renté en France après dix-huit mois d’Algérie, en Mai 1963…

Je n’étais plus le même qu’en Janvier 62…

 

5 juillet  1962 - Jour de l’Indépendance de l’Algérie

Cela fait exactement 6O ans que l’Algérie obtenait son Indépendance et fêtait cet évènement. Après un

« cessez le feu » plus ou moins effectif le 19 mars 1962, marqué par des séries d’accrocs

dûs à l’OAS ou des débordements du FLN réglant ses comptes…

Enfin l’Indépendance sera effective le 5 juillet 1962.

Incorporé direct en Algérie, alors département français et appelé pour le maintien de l’Ordre.

Depuis le 19 Février, jour du « Cessez le feu »nous attendions ce jour en pensant rentrer en France

avant la fin de notre service militaire.

Sapeur du Génie, à la 960ème CMEB (Compagnie de Matériel du Génie - elle possédait avec sa petite

sœur, la 961e, l’ensemble du gros matériel du Génie du Corps d’Armée d’Alger, couvrant un territoire

qui allait d’Alger à Tamanrasset dans le fin fond du Sahara…

Nous étions des spécialistes du gros matériel de chantier.

Sa dotation était si importante que nous avions chacun en compte plusieurs engins…

Elle avait la particularité d’être composée à 80% de Catalans…

Le Colonel Casso qui la commandait envoyait à la 960e les appelés

qui arrivaient des P.O. et étaient versés dans le Génie.

Même les cadres (sous- officiers et officiers étaient catalans et le Colonel

et plusieurs d’entre eux, affectés d’un accent « catalanas »,rocailleux

et bien marqué, roulant les « R », venaient du « pays »…

On se sentait chez soi…

On parlait « la langue » au grand dam des « estrangers »…

Donc, ce 5 JUILLET 1962, j’étais affecté à la Garde du Quartier Général

du Génie du CA d’Alger et cela pour une semaine.

Du dimanche 1er Juillet au samedi 6…

Le bâtiment du QG était en pleine ville près de l’Amirauté. C’était l’ancien

« Hôtel de Bordeaux »,situé près de la « Place de la Constitution » (?)

où avait trôné  pendant un siècle la statue équestre du Duc d’Aumale et

près de la Vieille Mosquée d’Alger…

Donc, en plein centre d’Alger. C’était un bâtiment de 4 étages sur une galerie

au rez- de- chaussée, et donnant sur la corniche qui bordait l’Amirauté.

Le QG dominait l’Amirauté de 40 mètres environ et avait une vue à 180° sur

la baie d’Alger et, sur l’arrière une vue extraordinaire

sur les vieilles mosquées et la Casbah d’Alger…

Un site extraordinaire pour être aux premières loges, ce 5 juillet…

où avait trôné la statue équestre du Duc D’Aumale.

Vu les événements et nul ne sachant comment cela se passerait,

la Garde avait été renforcée et j’en étais…

Chacun passait deux heures en faction devant l’entrée du QG, sous la galerie, présentant les armes

aux gradés et c’était fastidieux…

En tenue N°1, béret repassé à la vapeur, boutons briqués, chemise repassée,

le pli du pantalon impeccable et rangers cirés, y compris la semelle… Heureusement, nous étions à l’abri du soleil,

c’était déjà ça…

Dur, dur! La « mat 49 », avait le chargeur plein, prête à toute éventualité, ce qui était exceptionnel.

Toute la garde était sur les dents depuis l’aube… On ne savait pas à quoi s’attendre

Dès le matin du 5, les camions remplis à refus de musulmans et de fatmas voilées,

d’enfants en guenilles, sales et morveux, passaient et repassaient en klaxonnant…

Les drapeaux algériens brandis et agités par des jeunes excités, gueulant à tue-tête

des slogans en arabe que nous ne comprenions pas…

Toute cette foule était très bruyante et excitée, de plus en plus excitée au fur mesure que l’heure avançait

Mais cette foule n’était pas hostile. Nous n’existions plus…

À- mesure que l’heure avançait, un embouteillage de camions et de voitures débordant

d’une foule s’excitant d’heure en heure, klaxonnant, de plus en plus agitée, se massait sur la place de

la Vieille Mosquée.

N’étant pas de service, je suis monté sur la terrasse supérieure qui dominait les lieux

en un panoramique de 360°.

C’est là que nous avons pris conscience de la foule amassée dans le centre- ville…

Mais cette foule témoignant d’une joie immense, était bigarrée et agitait ses drapeaux algériens que nous découvrions…

Mais l’atmosphère n’a jamais été violente ni agressive à notre égard

Vers 11 heures du matin, nous avons vu arriver une troupe de militaires en treillis camouflé,

marchant au pas et ovationnés.

En tête un officier marchait le torse bombé et l’allure très fière, c’était le Colonel BOUMEDIENNE…

Derrière lui, ses hommes à l’allure farouche, la plus part moustachus et bronzés défilaient

impeccablement au bruit feutré des semelles des patauges et du cliquetis de leurs armes…

Cela avait de la gueule! C’étaient les « tueurs » qui arrivaient de la frontière tunisienne.

Pour paraitre plus nombreux, ils ont tourné autour de la Vieille Mosquée, acclamés par la foule…

De Gaulle, en 1940 avait fait pareil avec les engagés de la France Libre qui n’étaient pas nombreux

et qui ont tourné autour d’un pâté de maison, c’est un classique…

J’ai pris plein de diapositives de ces moments, elles ont 60 ans aujourd’hui et leurs couleurs

sont un peu passées…

Il faudra que je les rafraîchisse… Nous n’étions pas complètement rassurés, nous ne savions pas

ce qui allait se passer…

Avec les luttes qui ont émaillé la période post- cessez le feu, on pouvait s’attendre à des incidents

inter-FLN… Ou bien des incidents violents à notre égard…

À mesure que la journée passait, la foule passait à pied, en voiture, en camion à ridelles,

pleins à ras-bord, des enfants couraient de tous côtés, les gamins portant des « similis »

uniformes militaires, les  petites filles drapées dans des drapeaux algériens…

C’était très folklorique et bruyant…

Cette journée extraordinaire nous faisait penser à la joie et l’excitation des foules parisiennes

du 11 Novembre 1918 ou du 7 Mai 1945… C’était quand même bon enfant et bienveillant!

Toute la nuit, la Ville a été bruyante et la Casbah a même retenti de you-yous poussés par les femmes…

La Police du FLN veillait à ce que cela se passe bien et sans accroc…

Mais des incidents ont un peu gâché cette joie immense. Dans la matinée, l’Algérie a voulu montrer

les deux vedettes rapides offertes par la Yougoslavie, mais les marins algériens sont arrivés

à s’aborder et l’une d’elle a coulé dans la baie…

Les Russes avaient offert, eux aussi, deux hélicoptères, ils ont réussi à ce qu’ils se tamponnent

et coulent tous les deux dans la baie, eux aussi… Brillant résultat qui nous a bien réjouis…

C’était l’envers de la médaille…

Nous avons quand même mal dormi cette nuit- là, à cause du bruit, mais aussi de notre anxiété…

Nous avons été relevés au matin et nous étions bien contents et complètement crevés.

Nous avons regagné nos quartiers sur la route de Boufarik, la Ferme BORGEAU

qui produisait le célèbre « Rosé de la Trappe » si prisé des pieds noirs… Ouf!

Mais quel souvenir et quelle chance d’avoir assisté à cet événement en plein centre d’Alger…

C’était unique!

Les Fêtes de l’Indépendance ont duré plus d’un mois… En août, lorsque nous embauchions

des musulmans pour assurer des tâches d’entretien sur le site du Cap Matifou

(au bout de la Baie d’Alger à l’Est), un de ces nouveaux  « Indépendants », m’a demandé :

« Dis, quand elle finit l’Indépendance, qu’on puisse manger? ».

Sans commentaire… Cela, ce n’a pas changé…  Ils crèvent la faim encore aujourd’hui…

Ci-joint une photo de gosses, pris le 5 Juillet… dire qu’actuellement, ils ont la soixantaine…

Bernard BANYULS